Cette année 2019 restera gravée dans ma mémoire puisque c’est cette année que j’ai parcouru mon premier marathon. Comment tout à commencé ? Comment en suis-je venue à me lancer dans ce pari fou alors que je ne faisais même pas running ?
En 2018 chéri a couru son premier marathon à Paris. J’ai alors voulu le suivre sur ce grand jour. A la fois pour lui apporter un maximum de soutien sur cette épreuve, mais également surement un peu pour m’assurer que tout irait bien. Il a décroché son maillot de Finisher et tout s’est bien passé pour lui. A ce moment là, je ne connaissais strictement rien au running : il me parlait sans cesse d’allure, cardio, fractionné, sorties en côtes, sorties longues, endurance fondamentale… bref tout un jargon totalement inconnu à une néophyte comme moi. Je dois avouer qu’à l’époque j’avais beaucoup de mal à m’y intéresser… Le soir en rentrant de Paris tout un tas d’images de ce marathon me sont revenues en flash-back. Je me suis alors remémoré les visages de ces hommes et ces femmes. La frénésie et l’ambiance de folie au départ puis sur les premiers kilomètres. Jusqu’au semi les visages sont plutôt sereins. Les kilomètres qui suivent, on découvre les coureurs qui commencent à souffrir un peu, s’étirer, marcher déjà pour certains. A partir du 35 km j’ai lu beaucoup plus de souffrance sur leurs visages, des visages fermés cherchant à puiser la force qui les mènera jusqu’à l’arche verte et cette tant attendue ligne d’arrivée. Pour certains cette course semble presque facile comme s’il s’agissait d’une « formalité » ou de leur sortie du dimanche. Pour d’autres le marathon est l’ÉPREUVE, celle que l’on met sur un pied d’estale tel l’Everest. Nombreux sont ceux qui vont attendre de nombreuses années de course avant de se lancer dans cette épreuve. Certains vont se fixer des objectifs de temps, d’autres plus humblement d’atteindre une distance encore inconnue, en essayant d’arriver sans trop de casse. Et là j’ai pris conscience à quel point le mental jouait un rôle important pour réussir à guider chacun jusqu’à l’atteinte de cet objectif des 42,195km. Et si cette épreuve était celle qui me permettait de me reconstruire ?
Celle qui n’aimait pas courir
2013 fut une année merveilleuse, l’année où je suis devenue maman. Mais ce fut également l’année où professionnellement tout a basculé… Une année ou l’attitude et les paroles d’un hiérarchique malveillant m’ont brisée. Il avait tous les tors et une pile de dossiers longue comme le bras portait à son encontre auprès de la médecine du travail. J’ai par chance réussi à trouver une porte de sortie pour quitter ce placard dans lequel je me sentais prisonnière un peu plus chaque jour. Le chemin a été long et éprouvant. Le doute, la perte de confiance, d’estime… continuer ou non à exercer mon métier, me réorienter… J’ai tenté le concours de CRPE sur un coup de tête, puis Loulou est né, puis ce blog… Mon fils, ma famille et cet univers virtuel m’ont fait le plus grand bien. Trouver une raison de se lever, faire de nouveau quelque chose que j’aime sans être rabaissée ou critiquée. J’ai entrepris de retourner sur les bancs de l’école alors enceinte de Louloutte pour m’aider à reprendre confiance. Puis se sont enchaînés, stages et CDDs. Mais cette fragilité était toujours bien présente. Le sentiment quasi permanent de ne plus être faite pour « rentrer dans le système ».
C’est donc en avril 2018 que je me suis mis en tête d’essayer de relever ce défi du marathon de Paris 2019. Moi qui n’avais jamais couru en dehors d’un terrain de basket, moi qui n’aimait pas courir et qui ne voyais pas quel plaisir pouvaient bien prendre tous ces runners.
Mais pourquoi tu cours ?
Les gens courent pour tout un tas de raisons : perdre du poids, rester en forme, relever de nouveaux défis, aller au bout d’eux-même, prendre une revanche sur la maladie ou les vacheries que la vie peut parfois nous faire…
Cette question on me l’a souvent posée, surtout ceux qui me connaissent et savent que courir me saoule passé 40min… lol Mais pourquoi tu ne t’es pas lancé un défi dans un autre sport ? Tout simplement parce que pour moi je n’ai aucun mérite à réussir dans un sport que j’aime. La vie est faite d’épreuves et j’avais besoin de savoir si je serai de taille pour me battre de nouveau et ne plus me laisser malmener et rabaissée comme je l’ai été. En revanche, réussir dans un sport dans lequel je ne prends pas de plaisir sera pour moi le moyen de me prouver que j’ai retrouvé mon mental, que je suis capable de me battre et faire face aux épreuves. Approche peut être complètement vaine et naïve aux yeux de certains… Mais s’il s’agissait de la MA clé de la réussite pour me reconstruire entièrement ?
Les doutes
Bien sur certains ont eu du mal à comprendre ma démarche. D’autres ont peut être eu peur de me voir « replonger ». « Mais si tu n’y arrives pas, que se passera-t-il ? » De mon côté la question ne se posait pas. Il n’y avait pas de raison de ne pas y arriver, mis à pars si mon corps en décidait autrement au travers d’une blessure ou autre. Cela m’aurait clairement dégoûtée d’avoir fait toute cette préparation pour rien, mais de mon point de vue, une blessure aurait été indépendant de MA volonté, donc je me préparais à l’encaisser si cela devait arriver. Pour le reste, je n’avais pas le choix ! Mon mental devait se forger pour me porter jusqu’à cette ligne d’arrivée et l’atteinte de mon objectif : être Finisher !
La préparation
Qu’est-ce qui a été le plus dur dans mon marathon ? Sans hésitation : la préparation ! 12 loooooogues semaines qui me dictaient quand sortir, combien de temps et comment courir. Clairement, quand tu n’aimes pas courir et que tu dois aller te peler le cul sur une sortie de 1h30, puis 2h, puis 2h15… franchement il faut se motiver ! (Ah oui, car se lancer sur le marathon de Paris qui se déroule en avril signifie se faire une prépa l’hiver, youhou !!) Heureusement que j’ai pu être entourée lors de ces nombreuses sorties, car j’aurais été bien incapable de les faire seule.
L’entraînement n’est clairement pas ce que j’aime. Je suis une fille qui en revanche aime le challenge, me dépasser et relever des défis. Là où j’ai pris du plaisir ? Sur les courses et le fractionné. Ces moments où j’ai du me dépasser, décrocher de nouveaux records de distance m’approchant chaque jour un peu de mon objectif, décrocher des allures plus rapides, sans oublier un cardio qui s’améliore.
Beaucoup te disent : « Tu vas voir, passés 2-3 mois de footing tu ne pourras plus t’en passer », « moi le running c’est comme une drogue, si je ne cours pas j’ai un manque, je suis pas bien… »
Heu comment vous dire…. Et bien pas moi !! Franchement à choisir entre 2h de footing ou me mater un film il n’y a pas photo !! Je préfère mon canap’.
En revanche j’ai apprécié découvrir et mieux comprendre ce sport et ça complexité lorsque l’on souhaite progresser et atteindre des objectifs. J’ai aimé les rencontres que ce sport m’a offert. J’ai aimé l’asso qui m’a accueillie en septembre et avec qui j’ai progressé durant ces 11 mois de pratique du running. J’ai aimé partager cette préparation avec ma belle sœur. J’ai aimé le soutien sans faille de mon chéri et ma famille.
La course
Je vous ai déjà livré le récit de ma course, je ne vais donc pas revenir en détail dessus. Cette course je l’ai vécu comme JAMAIS je n’aurai cru la vivre. Certains m’ont dit ne pas croire que j’ai pu si bien la vivre, sans souffrance… et que pour le coup sans avoir frappé le mur, je n’avais pour ainsi dire « pas de mérite » car je n’avais pas travaillé mon mental… J’y ai cru moi aussi… Ce doute m’habite encore je dois l’avouer… J’aime cependant à croire que mon mental ne s’est pas battu dans la souffrance, mais qu’il s’est peut être battu à construire, du positif, du bonheur, de la joie tout au long de cette course que j’ai le sentiment d’avoir vécu à 200%. Ce mental, je l’ai forgé également bien avant ce marathon, avec toute cette prépa, me forçant à suivre ce programme et cette rigueur d’avant course.
Cette course et cette bataille j’envisageais de les mener seule. Je souhaitais plus que tout ne devoir ma réussite qu’à moi-même et ce mental que je tenais tant à me forger. Puis finalement j’ai appris au dernier moment que plusieurs membres de ma famille seraient présents à mes côtés le jour de la course. J’ai alors eu ce déclic. Je n’ai JAMAIS été seule. Je l’ai cru, très souvent… Mais j’avais tors. J’ai TOUJOURS été entourée de mes proches dans les bons comme dans les mauvais moments. Si ça n’était pas directement auprès de moi, je savais au fond de moi qu’ils s’inquiétaient et prenaient régulièrement des nouvelles. Alors finalement les avoir à mes côtés ce jour là a été une chance, une force énorme et une évidence.
MERCI pour votre soutien inconditionnel, merci d’avoir été et d’être toujours là. A présent je vais bien. Je me sens forte et prête à relever de nouveaux défis. Je sais que la vie nous réserve bien des surprises et coups durs parfois, j’espère donc à présent être à la hauteur d’encaisser et de vivre pleinement !
2020 je suis prête à renouveler ce défis ! J’ai pensé mes blessures et je souhaite à présent plus que tout pouvoir à mon tour apporter mon aide et mon soutien à d’autres qui pourraient en avoir besoin. Alors comme courir n’est toujours pas devenu mon kiffe sans objectif, je souhaite re-signer pour le marathon de Paris 2020 en courant cette fois-ci avec un dossard solidaire afin d’apporter mon soutien à une association. Et pour ce défis j’aurai besoin de VOUS et ça je reviens très bientôt vous en parler plus en détail !! ❤